13 mai 2020 door Darja Murzina
Quelles sont les conséquences qu’un sol toujours plus sec pour la qualité de vie de l’environnement?
En parlant de qualité de vie, je pense surtout à nous-mêmes. À l’heure actuelle, le sol a aussi une valeur culturelle. Le fait d’avoir de beaux sols et une belle nature est important pour l’homme. C’est aussi important pour le microclimat dans lequel on vit, pour la sensibilité à la température par exemple. La possibilité de baisser la température de 2 ou 3 degrés au cours d’un été chaud est très importante pour notre propre confort.
Les pays comme la Belgique et les Pays-Bas sont le résultat de la compétition entre l’homme et la nature. De tout temps, nous avons laissé cette compétition opérer librement. Cela signifie en fait que la nature est passée au second plan et l’économie au premier. La nature avait été réduite aux zones qui étaient trop humides et inintéressantes pour nous, car il y avait trop de moustiques par exemple. Ces zones sont devenues les premiers sites naturels. À partir du moment où il y a une pénurie d’eau, ces zones commencent à s’assécher. Elles perdent dans une très large mesure leur valeur naturelle, par exemple leur attrait pour les oiseaux migrateurs. On se retrouve à nouveau confronté à la compétition, celle de l’endroit où l’on veut que l’eau aille. Les zones naturelles qui sont traditionnellement humides vont s’assécher complètement en périodes de sécheresse. Leur végétation et leur faune vont disparaître ou changer. Il faudra à nouveau peser le pour et le contre, sachant qu’il est quand même utile que la balance ne penche pas toujours en faveur de l’homme. Les zones naturelles ont aussi une valeur naturelle pour l’homme. Ce sont des choses qu’il faut examiner et prendre également en compte.
Quelles sont les conséquences d’un sol trop sec pour l’agriculture?
La question semble très simple, mais elle est plus complexe qu’il n’y paraît. Vous diriez qu’un sol sec n’est pas un sol de bonne qualité et c’est vrai. Des calculs sont déjà réalisés pour déterminer la quantité de blé d’hiver que nous pouvons encore cultiver en Europe par exemple. La Belgique se situe à peu près dans une zone intermédiaire. Les récoltes pourront être meilleures, elles pourront être pires, mais elles ne connaîtront jamais d’extrêmes. Il y a deux aspects qui entrent en jeu. Le premier est le réchauffement de la planète. Le deuxième concerne les précipitations et la sécheresse. Comme la température est plus élevée, les saisons de croissance sont plus longues, ce qui permet d’augmenter le rendement. Parallèlement, le climat devient plus sec, il faut donc irriguer davantage ou vous vous retrouvez limité par la quantité d’eau présente. Il y a deux effets qui interviennent. Ils ne se compensent pas à 100 %. La plupart des chercheurs partent du principe que l’effet négatif du déficit en eau est plus important que l’effet positif de cultures plus longues et plus productives. Cela signifie deux choses : soit nous pourrons moins cultiver, soit nous devrons mettre à la disposition du secteur agricole de nouvelles réserves d’eau ou des quantités d’eau supplémentaires.
La Belgique a mis en place pour l’agriculture une politique assez active en matière d’érosion. Et c’est une bonne chose. Nous pensons toujours que l’érosion est quelque chose d’assez récent, qui date du moment où nous avons commencé à travailler dans les champs avec de lourds tracteurs. Mais lorsque nous avons visité une grotte de marne il y a quelques années, nous avons eu une discussion très intéressante, car on pouvait y voir la quantité de limon apportée des champs dans les grottes et savoir à quel moment. Cette découverte a montré que l’inverse est peut-être vrai. On a commencé apparemment à prendre davantage conscience des causes de l’érosion, et cela a eu un impact considérable. Et tout ce qu’on entreprend pour lutter contre l’érosion a également un effet positif pour le sol, car il reste mieux en place et s’assèche moins.
Que peuvent faire les particuliers pour garantir une composition saine des sols?

Il est important de réfléchir à la parcelle de terrain qui se trouve à côté de votre maison. D’une manière très classique, on a sur une grande partie du territoire flamand, et je pense également au Limbourg où j’ai moi-même vécu, les petits jardins ultra coquets et les pelouses où tout doit être ratissé au millimètre près. Tous les déchets provenant du jardin doivent être emmenés au parc à conteneurs. C’est en fait une manière assez erronée de garantir la bonne santé du sol. Ce que l’on veut c’est maintenir la quantité de matière organique dans le jardin à un niveau constant.
Ce que l’on voit très souvent à l’heure actuelle, c’est la pelouse artificielle. Très souvent, la pelouse artificielle est posée sur une surface quasiment bétonnée, de sorte à créer immédiatement ce phénomène de ruissellement. L’apparence est peut-être soignée, mais ce n’est pas ce qu’il faut faire pour avoir un jardin en bonne santé. En outre, la pelouse artificielle est une source de chaleur en été. Semer un simple gazon ou de petites plantes est bien plus efficace. Réutilisation des matières provenant du jardin. C’est une petite démarche qui peut faire une grande différence. Vous sacrifiez un petit morceau de votre jardin et l’apparence de votre jardin va changer du tout au tout. Si vous faites attention à ce qui vit dans un jardin au lieu de vous concentrer sur l’aspect extérieur, vous ferez tout naturellement les bons gestes. Si vous estimez qu’il est important qu’il y ait des insectes dans votre jardin, allez-y, laissez-les vivre. Intervenir soi-même trop intensément dans un jardin est très souvent le moyen de créer un déséquilibre. Il est important, en fait, d’avoir un environnement aussi naturel que possible. Un jardin aussi sain que possible, qui veille un peu lui-même à sa préservation.
La réutilisation de l’eau de pluie et surtout réfléchir à la manière dont nous pouvons utiliser l’eau de pluie excédentaire. Si vous placez une cuve de 5 000 ou 10 000 litres pour une famille, elle débordera toujours. D’un autre côté, vous avez de l’eau qui ruisselle de votre toit ou de l’eau qui s’écoule de l’allée menant au garage. La manière de gérer cette eau dépend évidemment plus de la collecte de l’eau de pluie que de la composition du sol.
Que peuvent faire les entreprises pour garantir une composition saine des sols?
Les entreprises ne sont généralement pas très concernées par les sols. Lorsqu’elles ont une parcelle de terrain non bâti, elles y sèment généralement un carré de pelouse qu’elles tondent au moins une fois par semaine. Ce sont des choses que l’on peut certainement changer. Sans que cela demande un gros investissement. J’ai déjà vu des entreprises qui ont d’énormes jardins très beaux, qui sont aussi très appréciés par les salariés, sans que cela exige beaucoup d’entretien. L’autre extrême, ce sont les terrains industriels où l’on commence par tout bétonner avant de se demander ce qu’on va mettre dessus. Dans ce cas, aucune infiltration d’eau de pluie n’est possible dans le sol, ce qui est mauvais pour le sol.
Que doit faire le gouvernement pour garantir une composition saine des sols?
Beaucoup de choses qui sont liées au sol sont très importantes pour le bien-être général. Ne pas avoir de sols sains a un coût considérable pour la société, alors qu’il y a peu d’initiatives économiques pour inciter à maintenir les sols en bonne santé ou à recharger les nappes d’eaux souterraines. On le voit maintenant aussi. Si vous installez un système d’infiltration et que vous avez des activités commerciales autour, c’est qu’il y a une réglementation en place. C’est un domaine où le gouvernement doit intervenir. Il est important de veiller à ce que nous gérions d’une manière plus durable toutes ces choses qui n’ont pas forcément besoin de coûter beaucoup plus cher.
Avec les travaux de transformation, nous avons dû creuser ici à la maison un puits d’eau souterraine. Je sais que c’est très facile à installer en cas de construction neuve. Mais lors des travaux de transformation, l’opération a été gigantesque et très difficile. Il est important que le gouvernement fasse contrepoids d’une manière très réaliste et veille efficacement à ce que les gens misent sur des choses qui peuvent se faire maintenant, qui peuvent se faire simplement, mais dont les effets continueront à se faire sentir pendant des décennies. Par exemple l’aménagement de terrains industriels. Si nous n’y réfléchissons pas de manière proactive, nous sommes coincés pour les 40 prochaines années. Le gouvernement est l’instance qui doit examiner ce qui peut et ce qui doit être fait. Je pense qu’un nombre considérable d’études et d’instances s’y consacrent actuellement. Nous ne devons pas tenir compte uniquement des besoins d’aujourd’hui, nous devons également porter un regard sur ceux de demain, car les 40 à 50 prochaines années ne seront pas meilleures. Les problèmes ne vont aller qu’en s’aggravan

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